Les Légendes du Génie

La légende d’Alexis le Trotteur

Il était une fois une petite fille en visite chez sa grand-mère dans la belle région de Charlevoix. Elle se baladait en forêt lorsqu’elle trouva une vieille bouteille de sirop d’érable en verre. Elle dépoussiéra l’étiquette en la frottant et un génie vêtu d’une chemise carotté apparut devant elle. Le génie lui demanda : ma petite fille, connais-tu l’histoire d’Alexis le Trotteur ? Elle va comme suit :

 

Alexis Lapointe est né dans les années 1860 dans la région de Charlevoix, tout près de chez ta grand-mère à Clermont. Il était le dernier d’une famille de quatorze enfants. Tous les jours, du matin au soir, Alexis courait. C’était son activité favorite. Sa mère disait même qu’il avait appris à courir avant d’apprendre à marcher.

À l’école et dans le village, les gens se moquaient d’Alexis, parce qu’il n’était pas très intelligent. Sa famille savait cependant que tout le monde peut devenir intelligent, mais ce n’est pas donner à tout le monde de courir aussi vite. Alexis était un petit garçon heureux. Un jour, il annonce au village qu’il sait courir plus vite qu’un cheval. Personne ne le croit, ce n’est qu’un petit bonhomme, comment ça pourrait être possible ? Alexis, très sérieux, organise donc une course cet après-midi-là. Les deux adversaires sont à la ligne de départ et la course commence. D’abord, Alexis et le cheval galope à la même vitesse, puis rapidement Alexis prend de l’avance sur l’animal et franchit la ligne d’arrivée bien avant lui. Ce jour-là, une légende est née. Alexis Lapointe est devenu Alexis le trotteur, imbattable à la course. Son exploit fait le tour du village, puis de la région, puis même de la province. D’autres coureurs viennent tenter leur chance, sans succès, Alexis est trop rapide.

 

Un matin, un vieil homme du village le nargue en lui disant qu’il est bien bon de battre un cheval, mais ne parviendrait jamais à battre un train. Alexis relève le défi et contre toute attente, remporte la course contre le train ! Son exploit est tellement incroyable qu’il traverse les frontières du pays et fait écho jusqu’aux États-Unis. On dit de lui qu’il est l’homme le plus rapide au monde. Un promoteur de talent américain invite alors Alexis à venir affronter son coureur. La fierté nationale de la province en jeu, les gens du village se mettent ensemble pour ramasser suffisamment de sou pour permettre à Alexis d’aller courir aux États-Unis.

Alexis, devenu jeune homme un peu célèbre, avait développé un amour pour la fête, les soirées qui se terminent tard et l’alcool qui coule à flot. Si excité de relever ce beau défi et d’aller défendre l’honneur de sa nation dans un autre pays, Alexis a beaucoup festoyé la veille de la course. À tel point que lorsque est venu le temps de courir, Alexis n’allait pas plus vite qu’un enfant. Il a perdu sa course, un peu perdu la face même et a dû rentrer à la maison bredouille. Jeune étoile montante de la célébrité, grâce à son talent hors du commun, devint en l’espace d’un instant paria dans le village. Il dû se trouver un travail comme tous les autres jeunes hommes du village. Il travailla donc toute sa vie sur les rails des chemins de fer. La légende raconte qu’un midi de l’année 1924, alors qu’Alexis revenait au camp pour diner, a été happé par un train qui passait. Devenu sourd à force de travailler sur les rails, il ne l’avait jamais entendu venir.

 

Personne aujourd’hui ne sait ce qui est réellement arrivé à Alexis le Trotteur Lapointe, mais peu importe où il est aujourd’hui, il court certainement encore.

 

La légende de la Chasse-Galerie

Il était une fois, un petit garçon, qui se promenait sur la terre à bois de son grand père, dans la région de l’Outaouais. Il trouva par terre une vieille bouteille de sirop d’érable en verre. Il prit la bouteille dans ses mains et dépoussiéra l’étiquette du dos de sa main. C’est alors qu’un génie vêtu d’une chemise carreautée sortit de la vielle bouteille et lui dit : petit, connais-tu l’histoire de la Chasse-Galerie? Elle va comme suit :  

Une douzaine de bûcherons étaient coincés dans leur camp, seuls et très loin de leurs êtres chers pour la veille du Jour de l’an de l’année 1891. Ils auraient tout fait pour voir leurs proches en cette journée de réjouissance. Le doyen du camp dit aux autres, embarquez dans le canot d’écorce mes jeunots, je vous emmène voir votre famille. Ce soir, on va courir la Chasse-Galerie. Les plus jeunes avaient entendus parler de la légende, mais n’y croyaient pas.

Les bûcherons étaient tellement tristes d’être isolés de leur famille et le doyen avait l’air si confiant, qu’ils embarquèrent dans le canot sans trop poser de question. Une fois bien assis, l’aîné leur dit : Ce soir on fait un pari avec le Diable, on gage notre salut éternel pour notre famille. Le canot va nous emmener là où nous devons aller en un rien de temps, mais il est bien important de ne pas dire le nom du bon Dieu ni de toucher à un clocher d’église. Il va aussi falloir être revenus avant l’aube, si on ne veut pas que le Diable gagne notre âme. Le doyen leur fit promettre de ne pas boire d’alcool et de faire attention à leur langue.

Chacun une rame à la main, les bûcherons répétèrent les mots du doyen : Acabris, Acabras, Acabram ! Fais-nous voyager par-dessus les montagnes. Le canot s’est élevé au-dessus du sol, par-delà les montagnes et les bûcherons se sont mis à ramer. La fête de la veille du Jour de l’an battait encore son plein quand les bûcherons sont arrivés au village. Les violons chantaient, les cuillères de bois battaient et les villageois dansaient. Les bûcherons se sont mêlés à la veillée et ont rapidement oublié qu’ils ne devaient pas prendre un verre. Après tout, c’était soir de fête!

Vers quatre heures du matin, les bûcherons devaient retourner dans le canot pour rentrer au camp. Le doyen avait tellement bu que les autres devaient l’aider à marcher pour se rendre au canot. Il pilotait le canot comme il marchait, s’approchant dangereusement des clochers d’église. Les bûcherons à bord du canot se serraient les uns contre les autres. Ils craignaient de se faire emporter par le Diable. Le doyen réussi malgré tout à piloter le canot hors du village, puis par-delà les montagnes pour les ramener jusqu’à bon port. À quelques kilomètres du camp, le doyen s’endormit, propulsant le canot tout droit vers les arbres. Les bûcherons tombèrent du ciel dans la forêt. Ils se réveillèrent le lendemain matin, bien au chaud dans leur lit en se demandant s’ils avaient rêvé. Une chose est sûre, aucun d’eux ne courut jamais la Chasse-Galerie à nouveau.

La légende de la Dame Blanche

Il était une fois, une petite fille qui allait visiter le parc des chutes Montmorency à Beauport. Tout près du bassin, elle trouva une vieille bouteille de sirop d’érable en verre et lorsqu’elle frotta l’étiquette, un Génie vêtu d’une chemise carreautée apparu. En pointant du doigt la chute du voile de la mariée juste à gauche des chutes, le Génie lui demandant : petite, connais-tu l’histoire de la Dame Blanche et du voile de la mariée ? Elle va comme suit :

 

C’est l’histoire de la belle Mathilde qui vivait à Beaupré. Une jeune femme douce et gentille, qui avait rencontré l’amour de sa vie, Louis, et qui allait l’épouser à la fin de l’été. Mathilde avait passé des heures et des heures à coudre sa belle robe de mariée blanche, presque aussi belle qu’elle. Un soir de la fin du mois de juillet, les Anglais sont débarqués sur la ville de Québec. Louis, un jeune homme fort et fringuant, a dû apporter son aide aux soldats québécois pour repousser les Anglais. La bataille de la Chute Montmorency dure quelques jours et les Français en sortent vainqueurs. Les soldats retrouvent leur famille, mais Matilde ne parvient pas à trouver Louis. Elle attend patiemment, encore et encore, le cœur serré. Une fois tous les soldats de retour, un commandant lui apprend que Louis ne reviendra pas, il est tombé au combat.

Écrasée de douleur, Matilde rentra chez elle en pleurant. Elle enfila la robe de mariée qu’elle venait tout juste de terminer, son magnifique voile de dentelles long de plusieurs mètres et se dirigea vers la Chute Montmorency, là où elle avait rencontré Louis. Elle appela son Louis, pleura toutes les larmes de son corps. Matilde ouvrit les bras grand comme un oiseau et prit son envol vers les eaux bouillonnantes de la Chute. On ne revit plus jamais Mathilde.

La légende raconte que son voile a été pris par le vent, qui comprenait sa douleur, et déposé sur les rochers à côté de la chute. Le lendemain matin, une nouvelle cascade coulait paisiblement, là où le voile de la mariée s’était déposé. Encore aujourd’hui, près de 300 ans plus tard, la cascade coule toujours, aussi forte et belle que l’amour qu’avait Matilde pour son beau Louis.

On raconte depuis des décennies qu’à la tombée du soir, on peut apercevoir la silhouette de Mathilde, comme une Dame Blanche, qui se balade au-dessus des chutes Montmorency, à la recherche de son Louis. En écoutant attentivement, on peut presque l’entendre l’appeler.  »

La légende du Bonhomme Sept-Heures

Il était une fois, un petit garçon qui se baladait dans la forêt de la rivière Saguenay avec ses parents. Près du cours d’eau, il trouva une vieille bouteille de sirop d’érable en verre. Il ramassa la bouteille et la frotta pour mieux voir l’étiquette. C’est alors qu’un Génie vêtu d’une chemise carottée apparu devant lui et lui dit : « petit bonhomme, connais-tu l’histoire du Bonhomme Sept-heures? Elle va comme suit :

 

Partout au Québec, il y a de cela bien longtemps, tous les enfants étaient dans leur lit dès que sonnait sept heures du soir. Ça peut paraître tôt, mais aucun d’eux ne protestaient parce qu’ils craignaient la venue du bonhomme sept-heures. Les plus grands racontaient aux plus petits combien il était laid et méchant. Ils racontaient qu’il portait un grand chapeau avec des cornes, qu’il portait plusieurs grands manteaux et qu’il trainait toujours avec lui un grand sac qui lui voûtait le dos tellement il semblait lourd. On racontait que son grand sac était rempli de tous les enfants désobéissants qu’il rencontrait. Personne ne savait où le bonhomme sept-heures emmenait les enfants qu’il enlevait, mais on racontait qu’on ne les revoyaient plus jamais. Pendant des années, les enfants partout dans la province ont fait des cauchemars en raison de ce bonhomme.

Dans ces années-là, dans chaque village, il y avait un homme chargé de soigner les gens blessés. Ils étaient communément appelé les « Bone setter » (celui qui replace les os). Ces soigneurs n’avaient pas tous les instruments des médecins d’aujourd’hui et devaient souvent replacer des os sans médicament. Le processus était vraiment douloureux, les gens hurlaient, pleuraient de douleur.

 

Les enfants n’avaient pas l’habitude de voir leurs parents pleurer et comme même les adultes redoutaient sa venue, les enfants ont commencé à avoir peur du « Bone setter ». Les parents ont vite compris que le bonhomme serait utile pour envoyer les enfants au lit. On menaçait les enfants de la venue du « Bone setter » s’ils refusaient d’aller dormir. Avec le temps, l’expression « Bone Setter » s’est francisé et transformé en « Bonhomme Sept-Heures ». Le personnage a continué d’hanter les rêves de beaucoup d’enfants au Québec. »

La Légende du Doyen

Par David Ouellet

Il était une fois, dans un pays for lointain, à laurée d’une majestueuse forêt, un coquet petit village. Ici, la pluie torrentielle des cieux s’abattaient sur les sols et les hommes depuis aussi longtemps que les aînés puissent se souvenir. Les frère et soeur Albert et Robin y étant nés se sont toujours interrogés sur le mystère climatique qui flottait sur leur village comme une malédiction. Étant aventuriers dans l’âme, la fratrie s’était aventurés près de la forêt, pour y jouer dans les bosquets ou y cueillir de petits fruits généreux. De ces aventures, les enfants avaient appris que le déluge s’arrêtaient à la grande porte du village. En effet, il ne pleuvait que sur la commune; les arbres et les fleurs l’entourant ne recevaient pas la pluie. Les sols du village, gorgés, même saturé d’eau après des décennies de pluie alimentaient en nutriment la forêt qui l’entourait. Assoiffés de savoir, les enfants se sont mis en tête de résoudre la mystère de la pluie torrentielle. Allant de porte en porte, de bouche à oreille, ils demandèrent aux plus vieux des plus vieux aînés, un par un, de leur expliquer le mystère. Nul au village ne savait pourquoi. Nul au village de comprenait. Nul au village ne s’était jamais posé la question. Déçus de leur enquête, les enfants décidèrent de consulter les ouvrages et les manuscrits des anciens, qui ne leur offrirent point de réponse. Malgré le fait que les enfants n’aient obtenus aucune réponse des suites de leur enquête, ils soupçonnaient que la forêt interdite et enchantée pourrait être la cause de leur mystère. La fratrie n’avaient qu’une seule option : se renseigner auprès du Doyen.  

Sur le chemin vers une possible réponse, le duo ce rendit à la chaumière de l’aïeul. L’homme qui avait vécu pour deux avait pour réputation au village de n’être pas sain d’esprit. Les enfants auraient à tous prix souhaiter éviter sa rencontre; mais leur curiosité l’emportait toujours ...

À la nuit tombée, le duo ce rendit furtivement à la chaumière orpheline de l’aïeul; la seule propriété située aux abords de la forêt maudite. Celle-ci, décrépi par le temps et le manque d’entretien, à l’allure hantée, était entourée d’une barrière naturelle empêchant les curieux d’y porter regard. Arrivé devant la cabane du vieillard, les enfants se faufilèrent à travers la haie par l’arrière de la propriété afin d’avoir yeux sur l’intérieur. Les arbres bloquant l’accès à la chaumière était moins robuste/étoffé à l’arrière, ayant souffert du manque de soleil. Une fois rendu sur le terrain du Doyen, les enfants remarquèrent un phénomène étrange: il n’y pleuvait pas! Ahurit, les enfants ne purent contenir leur surprise. Ils n’avaient d’autre choix que de faire face à leur crainte et de s’avancer à la rencontre du Doyen. Albert, le plus grand et le plus courageux, s’arma de courage et tonna sur la grande porte de l’habitation. Aucune réponse. Il tonna plus fort encore. Aucune réponse. Déçus et voyant l’aube se levé sur la cime des arbres, les enfants décidèrent de rentrer chez eux. 

À son réveil, Albert remarqua que le ciel était sombre mais sans pluie. Son premier matin où l’air autour de lui était humide, mais où le ciel ne pleurait pas. Ne voulant pas réveiller sa petite soeur qui n’avait pas beaucoup dormis, Albert sortie de la maison pour contempler le mystère de plus près. Il avait au fond du ventre un pressentiment lui indiquant qu’il devait se rendre de nouveau à la forêt maudite. Il marcha d’un pas résolu sur le sentier très peu fréquenté qui semblait vouloir le mener à une réponse. Pris de fatigue, il décida de s’étendre sous un grand arbre. Ouvrant grand ses oreilles aux bruits qui le berçait, il entendit un chant qu’il ne reconnu pas.